dimanche 10 janvier 2021

Victoire Maçon-Dauxerre - Jamais assez maigre.

 

Victoire Maçon-Dauxerre

Jamais assez maigre.

Journal d’un top model.

Editions Les Arènes.

2016

 

Victoire Maçon-Dauxerre (ou Victoire Dauxerre, née le 27 mai 1995 à Paris) est une actrice française, auteure et ex-mannequin  de l'agence Elite. Le nom de l’agence l’a éblouie.

À 17 ans, en pleines révisions du bac, Victoire fait du shopping à Paris, quand elle est repérée par un chasseur de mannequins. Trois mois plus tard, elle enchaîne les défilés à New York, Milan, Paris pour les plus grands créateurs, comme Alexander McQueen ou encore Miu Miu, pesant  47 kg pour 1,78m au lieu de ses 58 kg habituels. Le tout en moins de six mois et avec l’accord de sa mère, même si son père est réticent au début. Sa grand-mère a autrefois travaillé dans le milieu de la mode avant d’élever ses enfants. Victoire devient la fierté de la famille.

 

Victoire est très bonne élève, elle va appliquer les conseils de son agence à la lettre et sa carrière va vite décoller. « J’écoute, sans rien répondre puisque c’est ce qu’il semble attendre de moi. » (p 25) « Et moi, je décide quand ? » (p 26) « Si ça se trouve, c’est ça la vie ? Se laisser guider et la laisser guider à ma place ? » (p 36)  « Le photographe m’a empoignée comme si j’étais une poupée de chiffon. » (p 39). Elle cherche en tous points à correspondre aux désirs du « milieu de la mode ». La vie ne correspondra pas à ses désirs. « Je dois pouvoir entrer dans les fringues » (p 84).

 

Elle a fait partie du top 20 des mannequins les plus demandées Mais revêtir les plus belles créations et défiler pour les griffes les plus prestigieuses va devenir un cauchemar. Elle découvre un système inhumain où la sélection est impitoyable et la maigreur devient une obsession. « Des gens nous interpellent d’un « next ! » (p 115).

Je ne peux m’empêcher de penser à la chanson de Jacques Brel « Au suivant ».

 



 

Au suivant, Jacques Brel.

 

Brel dénonce dans cette chanson les « bordels militaires de campagne», consistant pour l'institution militaire à « offrir des prostituées » aux jeunes appelés du contingent, qui usent des faveurs sexuelles les uns à la suite des autres, à la chaîne.

La chanson évoque un malaise plus vaste, celui de la misère sexuelle et de l'acte sexuel sans amour.

 

Les créateurs-créatrices stylistes maltraitent les mannequin-e-s qui maltraitent les coiffeur-euse-s, les maquilleur-euse-s et les habilleuses (p 191). C’est un milieu où « tu ne fais confiance à personne » (p 209).

 

Les femmes y sont traitées comme des cintres, parfois les chaussures du défilé sont trop petites (elle doit payer la moitié de sa paire de chaussures utile pour les photos de son book et de son composite, p25), elles sont déshumanisées et le succès ne rime pas avec santé. Elle use et abuse de laxatifs. Elle ne se fait pas vomir comme les autres filles. Avec trois pommes, un litre et demi de soda par jour, poisson ou poulet une fois par semaine, l’anorexie la mène au bord du gouffre et du suicide. Pour défiler, la condition sine qua non est d’être capable d’entrer dans une taille 32-34. « Vous êtes encore loin du 34, on dirait… » (p 26). « Pour les défilés, il faut entrer dans du 32-34. OK ? » (p 35) Elle se voit comme « un bout de viande qu’on scrute et qu’on pèse avant de le dévorer (p 33).

 

Elle a passé trois mois à l’hôpital. Elle avait un squelette d’une femme de 70 ans. Elle n’a pas eu ses règles pendant huit mois. Elle avait perdu la moitié de ses cheveux. Son rapport à la nourriture est toujours difficile.

 



Le métier va changer et s’adapter. Les créateurs créent en virtuel des modèles de vêtements chics. Vous paierez très cher (plusieurs milliers d’euros) pour avoir une photo d’une de leurs créations sur votre corps.

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