Victoire Maçon-Dauxerre
Jamais assez maigre.
Journal d’un top model.
Editions Les Arènes.
2016
Victoire Maçon-Dauxerre (ou Victoire Dauxerre, née le
27 mai 1995 à Paris) est une actrice française, auteure et ex-mannequin
de l'agence Elite. Le nom de l’agence l’a éblouie.
À 17 ans, en pleines révisions du bac, Victoire fait du shopping à
Paris, quand elle est repérée par un chasseur de mannequins. Trois mois
plus tard, elle enchaîne les défilés à New York, Milan, Paris pour les plus
grands créateurs, comme Alexander McQueen ou encore Miu Miu, pesant 47 kg
pour 1,78m au lieu de ses 58 kg habituels. Le tout en moins de six mois et
avec l’accord de sa mère, même si son père est réticent au début. Sa grand-mère
a autrefois travaillé dans le milieu de la mode avant d’élever ses enfants.
Victoire devient la fierté de la famille.
Victoire est très bonne élève, elle va appliquer les
conseils de son agence à la lettre et sa carrière va vite décoller. « J’écoute,
sans rien répondre puisque c’est ce qu’il semble attendre de moi. » (p 25) « Et
moi, je décide quand ? » (p 26) « Si ça se trouve, c’est ça la
vie ? Se laisser guider et la laisser guider à ma place ? » (p
36) « Le photographe m’a empoignée
comme si j’étais une poupée de chiffon. » (p 39). Elle cherche en tous
points à correspondre aux désirs du « milieu de la mode ». La vie ne
correspondra pas à ses désirs. « Je dois pouvoir entrer dans les fringues »
(p 84).
Elle a fait partie du top 20 des mannequins les plus
demandées Mais revêtir les plus belles
créations et défiler pour les griffes les plus prestigieuses va devenir un cauchemar.
Elle découvre un système inhumain où la sélection est impitoyable et la
maigreur devient une obsession. « Des gens nous interpellent d’un « next ! »
(p 115).
Je ne peux m’empêcher de penser à la chanson de
Jacques Brel « Au suivant ».
Au suivant,
Jacques Brel.
Brel
dénonce dans cette chanson les « bordels militaires de campagne»,
consistant pour l'institution militaire à « offrir des prostituées »
aux jeunes appelés du contingent, qui usent des faveurs sexuelles les uns à la
suite des autres, à la chaîne.
La chanson évoque un malaise plus vaste, celui de la misère sexuelle et
de l'acte sexuel sans amour.
Les créateurs-créatrices stylistes maltraitent les
mannequin-e-s qui maltraitent les coiffeur-euse-s, les maquilleur-euse-s et les
habilleuses (p 191). C’est un milieu où « tu ne fais confiance à personne »
(p 209).
Les femmes y sont traitées comme des cintres, parfois
les chaussures du défilé sont trop petites (elle doit payer la moitié de sa
paire de chaussures utile pour les photos de son book et de son composite, p25),
elles sont déshumanisées et le succès ne rime pas avec santé. Elle use et abuse
de laxatifs. Elle ne se fait pas vomir comme les autres filles. Avec trois
pommes, un litre et demi de soda par jour, poisson ou poulet une fois par
semaine, l’anorexie la mène au bord du gouffre et du suicide. Pour défiler, la
condition sine qua non est d’être capable d’entrer dans une taille 32-34. « Vous
êtes encore loin du 34, on dirait… » (p 26). « Pour les défilés, il
faut entrer dans du 32-34. OK ? » (p 35) Elle se voit comme « un
bout de viande qu’on scrute et qu’on pèse avant de le dévorer (p 33).
Elle a passé trois mois à l’hôpital. Elle avait un
squelette d’une femme de 70 ans. Elle n’a pas eu ses règles pendant huit mois. Elle
avait perdu la moitié de ses cheveux. Son rapport à la nourriture est toujours
difficile.
Le
métier va changer et s’adapter. Les créateurs créent en virtuel des modèles de
vêtements chics. Vous paierez très cher (plusieurs milliers d’euros) pour avoir
une photo d’une de leurs créations sur votre corps.
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